École Pratique des Hautes Études

Fondée en 1868, l'École Pratique des Hautes Études occupe une place singulière dans le paysage de l'enseignement supérieur et de la recherche. Elle se démarque par son très haut niveau d'érudition et sa pédagogie de formation à la recherche par la pratique. L'histoire d'un savoir-faire pédagogique unique Le 31 juillet 1868, le Ministre de l'Instruction Publique, Victor Duruy, historien spécialiste de l'Antiquité, proche de l'empereur Napoléon III, promulgue le décret de création de l'École Pratique des Hautes Études (EPHE). L'article premier stipule que l'École a pour but de "placer à côté de l'enseignement théorique les exercices qui peuvent le fortifier et l'étendre". Il s'agissait alors de promouvoir des méthodes pratiques de formation à la recherche, aussi bien dans ses laboratoires expérimentaux que dans ses séminaires, pour pallier le conformisme de l'enseignement supérieur de l'époque et réinventer le lien entre formation et recherche.

C'est la raison pour laquelle de nombreux savants de renom, convaincus par cette démarche, ont enseigné à l’EPHE ou ont travaillé dans ses laboratoires : Émile Benveniste, Fernand Braudel, Claude Bernard, Marcellin Berthelot, Paul Broca, Georges Dumézil, Sylvain Lévi, Claude Lévi-Strauss, Étienne-Jules Marey, Gaston Maspero, Louis Massignon, Marcel Mauss, Henri Moissan, Gabriel Monod, Gaston Paris, Louis Pasteur, Henri Poincaré, Lucie Randoin, Germaine Rouillard, Émile Roux, Ferdinand de Saussure, Germaine Tillion... Même si aujourd'hui l'approche pratique est devenue chose courante, l'École a continué à appliquer ce précepte, aussi bien dans les sciences expérimentales que les humanités : le choix d'un enseignement basé sur "la recherche en train de se faire" continue de prévaloir.

Lors du cinquantenaire de l'École en 1922, retardé à cause de la première guerre mondiale, le président de la République Alexandre Millerand disait : "L'École Pratique des Hautes Études a justifié sa création par ses services et ses résultats. Elle honore la France et la science. En nous inclinant devant son passé, saluons avec respect et confiance le groupement libre de ses maîtres et de leurs disciplines, force et espoir de notre pays".

Aujourd'hui, l'EPHE propose des formations à la recherche par la pratique de la recherche dans ses trois sections : Sciences de la Vie et de la Terre (SVT), Sciences Historiques et Philologiques (SHP) et Sciences Religieuses (SR), à Paris, en province et en Polynésie française. Son enseignement est essentiellement dispensé au niveau du master et du doctorat, mais fidèle à l'esprit de sa fondation, elle continue de délivrer un diplôme d'établissement ne nécessitant aucun diplôme pour être admis. Une recherche et des formations de pointe reconnues à l'international L'École est mondialement connue pour son érudition et ses disciplines rares, qu'elles soient menacées ou en émergence, qui permettent d’appréhender des civilisations sous tous leurs angles, à travers des disciplines aussi variées que l’histoire, la philologie, l’archéologie, l’histoire de l’art, la linguistique, l’étude des religions du monde, de l’Antiquité à nos jours… Par exemple, l’EPHE est le seul établissement français offrant une formation qui couvre l’ensemble des écritures et langues anciennes, ou tous les champs de l’Antiquité méditerranéenne et de ses aires culturelles. Ces disciplines de pointe s’appuient sur un enseignement de très haut niveau en paléographie latine, byzantine, hébraïque, en histoire des sciences, en histoire culturelle et intellectuelle, en représentations de l’espace, diplomatique, linguistique, numismatique, hagiographie, images et emblèmes… En Sciences de la Vie et de la Terre, les enseignements font la part belle à la pratique et au travail de terrain, dans des domaines tels que la biologie-santé, les neurosciences, l’écologie, l'anthropologie, l’environnement et l’évolution. Une évolution constante au plus près des enjeux de société L'EPHE s'adapte continuellement à l’évolution du paysage scientifique avec, par exemple, le développement des humanités numériques ou des sciences cognitives, ainsi que des réponses aux grandes questions sociétales comme l'éthique, la laïcité ou les religions. Enfin, l'École porte une attention particulière au lien avec la société civile : elle accueille depuis plus de 150 ans des auditeurs libres qui peuvent suivre tous ses cours, et elle a créé quatre instituts consacrés au partage des savoirs sur le vieillissement, les récifs coralliens, les langues rares, l'enseignement des faits religieux et de la laïcité. Ces dernières années, l'École a fait un double choix. D'abord, celui de rejoindre l'université Paris Sciences et Lettres (PSL) en tant qu'établissement-composante à côté d'autres écoles prestigieuses. Située au cœur de Paris, l'université PSL, classée parmi les 50 premières universités mondiales, fait dialoguer tous les domaines du savoir, de l’innovation et de la création. Ensuite, celui d'être membre fondateur du Campus Condorcet, cité des humanités et sciences sociales qui se bâtit à Aubervilliers, où elle construit actuellement son futur siège. Au côté de 10 autres institutions, l'EPHE bâtit un campus international pour répondre aux défis pédagogiques, scientifiques et numériques du XXIe siècle.

"Ce qui faisait défaut et ce que voulut Duruy, c'est que, dans le laboratoire, un grand expérimentateur pût associer des élèves à ses recherches ; là, en effet, la participation à l'œuvre commune est autrement instructive qu'un monologue dans la chaire. Telle est l'idée qui a suggéré la création d'une École pratique ; le mot pratique, dans ce titre, est un élément essentiel." Louis Havet, Président de la section des Sciences Historiques et Philologiques, 1912-1925.

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